Marion Oliveira
La reconnaissance au travail, solution contre le turnover en magasin ?
Pour bien des managers du retail, la reconnaissance au travail fait davantage office de placebo que de véritable solution au turnover et au désengagement des vendeurs. Force est de constater qu’en se heurtant à tant de scepticisme, les marques de reconnaissance sont souvent dispensées au compte-gouttes, avec aussi peu de conviction que d’assiduité.
Utilisé au minimum de son potentiel, cet incroyable levier de motivation donne alors raison aux plus circonspects, sans la moindre chance de faire ses preuves. Et pourtant, correctement incrémentée dans une stratégie de management de la motivation, la reconnaissance s’avère être une solution puissante contre le turnover et l’absentéisme en magasin.

La reconnaissance au travail, attente n°1 des Français
Si bon nombre de managers omettent de se pencher sérieusement sur la question de la reconnaissance au travail, c’est souvent parce qu’ils ignorent la place primordiale que lui attribuent leurs vendeurs. Pour bien des employés, « reconnaissance » rime en effet avec « bien-être » et fait partie intégrante des critères régissant la Qualité de Vie au Travail (QVT).
De fait, la reconnaissance est exprimée comme l’attente numéro 1 des salariés et, à l'inverse, le manque de reconnaissance constitue un facteur majeur de désengagement et de démotivation des équipes en magasin. Aujourd'hui, 4 salariés sur 10 estiment manquer de reconnaissance au travail. Un chiffre qui ne diminue pas depuis une décennie, et qui va de pair avec une baisse générale de l’engagement des employés en France.
La reconnaissance au travail, une attente professionnelle… Et personnelle !
Stricto sensu, reconnaître quelqu’un vise à lui conférer une identité propre, qu’il peut dès lors faire valoir au sein d’une équipe. La reconnaissance au travail touche de près à cette notion d’identité en permettant aux vendeurs d’assouvir leur besoin d’estime sociale. Utilisée à bon escient, la reconnaissance au travail permet de développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise. Les vendeurs se sentent alors parties prenantes de leur magasin et sont plus enclins à s’impliquer dans sa réussite.
La dimension sociale du statut professionnel ne doit pas non plus être négligée par le manager en magasin, qui gagne à donner à ses vendeurs de bonnes raisons d’être fiers de leur travail. La reconnaissance au travail fait en effet office de validation permettant au vendeur de démontrer sa valeur et ses compétences tant dans la sphère professionnelle que privée.
Les collègues et les clients, premiers acteurs de la reconnaissance au travail
On tend généralement à attribuer toute la responsabilité de la reconnaissance au travail au manager. Pourtant, d’autres acteurs de l'entreprise sont eux aussi concernés par le besoin de reconnaissance des salariés. Sur la première marche du podium dans le classement des principales sources de reconnaissances au travail, on retrouve les collègues appartenant au service de l’employé. Au second plan viennent les clients, un constat qui peut poser problème en magasin où les vendeurs sont confrontés à des incivilités toujours plus nombreuses.
Si toutes les marques de reconnaissances ne peuvent – et ne doivent – donc pas émaner du manager, il demeure de sa responsabilité d’instaurer un système de reconnaissance axé autour de ces multiples sources de reconnaissance. Ainsi, il lui appartient de veiller à ce que les employés soient reconnus pour leurs compétences par le reste de l’équipe du magasin et d'encourager les feedbacks positifs des clients.
Reconnaissance au travail, comment la mettre en pratique ?
Il est important de souligner qu’un manager de doit pas être reconnaissant juste pour l’être mais que son poste consiste aussi à aider le vendeur à atteindre cette reconnaissance en le motivant à se surpasser.
Pour être une solution au turnover en magasin, le système de reconnaissance doit être adapté aux réalités de l’entreprise et aux besoins des employés. Commencez donc par faire fi des conseils généraux que vous pourrez trouver un peu partout sur la toile. Penser à dire « merci » à ses salariés ou distribuer des primes de résultat sont des solutions globales, qui peuvent ne pas combler les espoirs de vos employés.
Plusieurs manières existent pour manifester votre reconnaissance à vos vendeurs en magasin, et les mieux placés pour vous dire quelles actions mettre en œuvre sont les salariés eux-mêmes. Prenez donc du recul quant à votre propre vision de la reconnaissance au travail et vos propres attentes : celles de vos équipes peuvent s’avérer très différentes !
Vous aimeriez percevoir un plus gros salaire ? Votre équipe apprécierait peut-être obtenir davantage de flexibilité dans la gestion des jours de congés. Vous souhaiteriez qu’on vous dise merci plus souvent ? Vos employés préféraient peut-être que leurs collègues reconnaissent certaines de leurs compétences techniques.
Non seulement le management de la motivation doit prendre en compte les multiples sources de reconnaissance, mais il doit aussi mobiliser les quatre formes de reconnaissance. Celles-ci ont trait au salarié en tant que personne, à ses qualités professionnelles, aux efforts fournis et aux résultats obtenus.
Si travail et vie personnelle gagnent généralement à être clairement distingués, il semble que la reconnaissance au travail soit une exception de taille tant elle rayonne dans la sphère privée des employés. Son impact sur le bien-être et la qualité de vie au travail n’est donc pas à négliger, et elle mérite de faire l’objet d’une stratégie adaptée aux réalités du retail.