Marion Oliveira
L’absentéisme dans le retail, entre fléau et opportunité
17,2 jours d’absence annuels par salarié en moyenne, c’est le constat alarmant formulé dans le Baromètre 2018 du groupe Ayming. Des chiffres préoccupants, qui n’ont cessé de croître depuis 10 ans, entrainant leurs lots de conséquences sur les performances des entreprises.Si les aspects pénalisants de l’absentéisme prédominent, ses opportunités commencent elles aussi à interpeller les managers du retail. Signal d’alarme on ne peut plus criant, l’absentéisme permet en effet d’identifier des dysfonctionnements généraux, pointant du doigt des axes d’amélioration cruciaux dans une optique de croissance.

L’absentéisme dans le secteur du retail, une tendance haussière Jusqu’à présent, le secteur du retail conservait une posture de bon élève, affichant un taux d’absentéisme légèrement inférieur à ceux des secteurs du service et de la santé. En 2017, il a cependant bondi de 0,5 point pour devancer la moyenne tout secteur avec 4,86%. Une évolution qu’Ayming met en majeure partie sur le compte d'une relation clientèle de plus en plus difficile, pesant sur le climat et les conditions de travail des salariés. De fait, la qualité de vie des salariés au travail est la première cause d’absentéisme en France. Une problématique qui englobe différents enjeux, tels qu’un manque ressenti de reconnaissance, un stress accru au travail ou un déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Ces motifs, qui trouvent majoritairement leurs sources dans une organisation interne perfectible, soulignent également la capacité à s’auto-alimenter de l’absentéisme. Les équipes en sous-effectif souffrent en effet d’une détérioration de leur qualité de vie au travail, ce qui risque de générer de nouvelles absences. L’absentéisme est donc un problème épineux, méritant d’être traité minutieusement pour éviter la formation d’un cercle vicieux à même d’entrainer une baisse de résultats sur le long terme. Les multiples conséquences de l’absentéisme dans le retail Dans le secteur du retail, l’absentéisme est un véritable coup dur porté au chiffre d’affaires, mais aussi à l’image de l’enseigne. Ses impacts transversaux pénalisent – parfois durablement – la croissance de l’entreprise, engendrant des pertes financières non négligeables. Image et baisse de chiffre d’affaires : les coûts directs L’absentéisme implique un risque accru de rupture et, conséquemment, une baisse des ventes qui impacte directement le chiffre d’affaires de l’entreprise. Avec un employé absent, le client est aussi moins bien conseillé et guidé dans le processus d’achat. Le comportement d’achat en est impacté, avec des conséquences allant d’une diminution du panier moyen et des ventes complémentaires, à l’abandon lié à l’attente en caisse. Par ailleurs, les équipes en sous-effectif ne peuvent plus consacrer le temps nécessaire à la fidélisation de la clientèle. L’image de marque en souffre, et la réputation de l’entreprise peut se détériorer durablement, induisant une baisse de fréquentation et, in fine, de résultats. Présentéisme et remplacement : les coûts indirects L’institut Sapiens a évalué les coûts cachés annuels liés à l’absentéisme à 107 milliards d’euros pour les entreprises françaises. Dans ces dépenses non comptabilisées se dissimulent notamment les coûts induits par les travailleurs temporaires recrutés pour combler le manque à gagner. Outre les coûts de recrutement, il s’agit de coûts liés aux sursalaires et au surtemps. Le sursalaire et le surtemps, ce sont deux autres problématiques relatives à une conséquence – et cause – de l’absentéisme : le présentéisme. Les employés contraints de travailler davantage pour faire face au déficit de main d’œuvre constituent une dépense non négligeable. Participant pleinement à l’épuisement des équipes, le présentéisme provoque lui aussi baisses de performance et pertes financières. L’absentéisme, un levier d’amélioration ? Si, d’une part, l’absentéisme incompressible mérite d’être mieux géré pour éviter l’effet boule de neige, il est tout aussi crucial de se pencher sur l’absentéisme dû à des dysfonctionnements organisationnels. En effet, tel un signal d’alarme, l’absentéisme doit alerter le manager sur des problématiques de gestion susceptibles d’engendrer des risques économiques pour l’entreprise. Manques à gagner ou dépenses superflues, les conséquences finales de ces dysfonctionnements n’ont pas leur place dans une gestion efficiente. Une caractérisation des motifs d’absentéisme et une analyse approfondie de leurs causes permettent d’identifier des axes d’améliorations souvent décisifs. L’absentéisme fait ainsi figure d’indicateur, et permet de poser les bases d’une stratégie performante et durable. Si la lutte contre l’absentéisme peut s’avérer longue et complexe, elle doit néanmoins être intégrée aux préoccupations centrales des entreprises dans un souci global d’efficience. Pénalisant tant la productivité des entreprises que leurs images, l’absentéisme est en effet bien souvent le symptôme de dysfonctionnements en amont. L’évaluation de ses causes, plutôt que de ses conséquences, est un premier pas vers le déploiement d’une stratégie organisationnelle performante, propice à la croissance du chiffre d’affaire et au développement de l’entreprise.